Camara Laye - Auteur qu'on me censure

Publié le 14 août 2025 à 23:07

J'ai été confronté à des offres délirantes, du livre vendu à 2 000 € quand il n'est pas proposé à 196 € à la Fnac, une honte ! C'est juste de la censure ou comment faire pour m'empêcher absolument d'acquérir cet ouvrage. Je l'ai trouvé sur Amazon enfin, mais avec de fausses informations pour semer le doute en mettant deux auteurs comme s'il existait un ouvrage homonyme, en fait c'était le vrai ouvrage édition Pocket en 1993, mais cela fait encore cher le livre de poche à 24 € mais étant donné que le même livre est vendu en Afrique à 7,95 € oui à moins de 5 000 Francs CFA tout neuf, seulement je suis plus intelligent que ces imbéciles qui veulent me barrer la route, sauf que le site africain en question ne dessert pas la France, bon tant pis l'essentiel c'est que je l'ai trouvé avec Amazon et cela risque d'être un livre d'occasion, cela fait cher payé juste pour avoir un roman de Camara Laye, un auteur guinéen que j'aime beaucoup, que j'ai découvert récemment et qui a les éloges de Toni Morrison Prix Nobel de Littérature. 

J'ai déjà acquis "L'enfant noir" que je suis en train de lire, superbe avec l'hommage qu'il fait en dédicace dans un poème à sa maman, c'est très beau, et les premières pages sont d'un style où l'on ne peut plus s'arrêter, j'ai déjà bien entamé l'ouvrage.

J'ai acheté aussi sur Amazon "Le regard du roi" et me suis amusé à lire une critique très acerbe sur le roman accusé de "supercherie", c'est en fait des jaloux qui ne supportent pas le talent de l'écrivain Camara Laye qui a un parcours différent des autres, comme si provenir d'un métier technique était un frein pour produire une oeuvre littéraire, c'est absolument incroyable mais Camara Laye a survécu à la critique, il est encensé par Toni Morrison, Prix Nobel de Littérature et à juste titre. J'ai hâte de lire cet autre roman de Camara Laye, surtout qu'il apporte un regard neuf par rapport à ce que pourrait penser un occidental de l'Afrique mais avec une vision de l'intérieure, c'est ce point de vue-là qui est des plus intéressant, on peut lire ça et là des références à Kafka, j'attends de pouvoir lire ce livre. Il faut se méfier des critiques surtout lorsqu'elles s'expriment encore post mortem, c'est absolument dégueulasse, il y a de véritables jaloux qui ont besoin de faire de l'ombre à des auteurs de talent juste pour faire parler d'eux alors qu'ils ne leur vont pas à la cheville. En lisant d'ailleurs la critique, j'ai trouvé les références littéraires grotesques, ça cite du André Gide à tort et à travers sans aucune culture de fond : tu grattes un peu, il ne reste plus grand chose. C'est toujours suspect les gens qui s'avancent avec des références sans maitriser grand chose car ils les déploient comme une sorte de tir groupé qui ne veut strictement rien dire. Quand on maitrise ses références, elles sont précises et rigoureuses, on ne cite jamais trois auteurs en même temps mais un seul dont on maitrise la portée. Ceci permet de comprendre la suffisance de certaines critiques. Cela m'amuse toujours de lire des petits critiquer les grands. Camara Laye fait parti des grands, il fait parti des classiques de la littérature Africaine, ce n'est pas n'importe qui, il a déjà son nom gravé dans le marbre.  Toni Morrison dit d'ailleurs à propos de "Le regard du roi" : « La Seconde Guerre mondiale était terminée avant que je lise des fictions occidentales situées en Afrique. Souvent brillants, toujours irrésistibles, ces récits s’appuyaient sur la mythologie de l’Afrique, comme un continent obscur, qui éprouvait un besoin désespéré de lumière. Roman après roman, nouvelle après nouvelle, l’Afrique était tout à tour innocente et complice, sauvage et pure, irrationnelle et sage. Mais elle n’était jamais son propre sujet (…) Dans ce contexte racialement très lourd, la découverte au début des années 60 des romans de Chinua Achebe, l’œuvre de Wole Soyinka, d’Ama Ata Aidoo et de Cyprian Ekwensi, pour n’en citer que quelques-uns, fut plus qu’une révélation. Mais découvrir 'Le Regard du roi' de Camara Laye fut un vrai choc. Cet extraordinaire roman réalisait quelque chose d’entièrement nouveau. Le voyage rebattu dans les ténèbres africaines, soit pour y apporter la lumière, soit pour les découvrir, est totalement réimaginé. »  (« À propos du Regard du Roi de Camara Laye », par Toni Morrison. Traduit de l’anglais par Jean Guiloineau. Siècle 21, Printemps 2003, pp. 6-12)

Pour citer un article de Radio France Internationale du 24 juin 2024 qui explique d'ailleurs le pourquoi des critiques virulentes de "Le regard du roi", ces quelques lignes permettent de comprendre la mauvaise foi de ces dites critiques : "Le Regard du Roi raconte sur un mode allégorique et parodique les tribulations d’un Européen engagé sur les grands chemins d’Afrique en une quête initiatique. Pour l’historien et le critique littéraire Boniface Mongo-Mboussa, c’est ce choix du protagoniste européen sous la plume d’un auteur africain qui pose problème. « Pour la première fois, on met en scène un blanc dans une position très désobligeante, explique le spécialiste. Il est réhabilité, dompté par l’Afrique et ça ne passe pas. Et je peux comprendre les Africanistes européens parce que moi, en tant qu’Africain, je sais ce que ça veut dire que d’être mis en scène toujours dans un statut, dans une position très désobligeante. On vit avec. Mais qu’on le fasse aux blancs, c’était inacceptable. C’est l’une des raisons qui fait que ce livre gêne. » Et c'est une des raisons qui fait que ce livre m'attire au plus haut point et que je brûle d'envie de le lire parce qu'il signifie justement un autre regard. C'est absolument navrant à notre époque cet épanchement sur des pensées limitées à une Doxa bien huilée, que c'est bon d'avoir des auteurs qui sortent des rangs, capables d'exprimer autre chose et surtout d'avoir le courage de donner un autre point de vue. Ca gêne, tant mieux ! C'est ce qui fait un très bon livre. C'est toujours bon quand ça dérange, cela signifie que cela nécessite le développement d'une réflexion et tant qu'il est nécessaire de penser et de pouvoir penser, tout est bon à la manière de Socrate.  Bienheureux ceux qui sont capables de susciter la réflexion, honnis sont ceux qui l'endorment. On écrit pour donner à penser, jamais pour faire de la démagogie. A croire qu'une oeuvre devrait s'inscrire dans un politiquement correct pour pouvoir être adoubée, tout le contraire de la pensée des Lumières dont en France on se réclame tellement. 

 

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.