Alphonse de Lamartine m'inspire beaucoup. Le présent extrait de la Préface de 1849 publiée aux Editions des Souscripteurs, cette préface se situe en fin d'ouvrage des éditions Gallimard, plus précisément en annexe car la Préface plus contemporaine est de Marius-François Guyard (1921-2011), professeur de lettres modernes à l'Université de Strasbourg. Chez Lamartine la poésie est une musique car il ne cherchait pas d'abord le sens ou la couleur mais le rythme, la mélodie, l'harmonie.
«J'étais né impressionnable et sensible. Ces deux qualités sont les deux premiers éléments de toute poésie. Les choses extérieures à peine aperçues laissaient une vive et profonde empreinte en moi ; et quand elles avaient disparu de mes yeux, elles se répercutaient et se conservaient présentes dans ce qu'on nomme l'imagination, c'est-à-dire la mémoire, qui revoit et qui repeint en nous. Mais de plus, ces images ainsi revues et repeintes se transformaient promptement en sentiment. Mon âme animait ces images, mon cœur se mêlait à ces impressions. J'aimais et j'incorporais en moi ce qui m'avait frappé. J'étais une glace vivante qu'aucune poussière de ce monde n'avait encore ternie, et qui réverbérait l'œuvre de Dieu! De là à chanter ce cantique intérieur qui s'élève en nous, il n'y avait pas loin. Il ne me manquait que la voix. Cette voix que je cherchais et qui balbutiait sur mes lèvres d'enfant, c'était la poésie. Voici les plus lointaines traces que je retrouve au fond de mes souvenirs presque effacés des premières révélations du sentiment poétique qui allait me saisir à mon insu, et me faire à mon tour chanter des vers au bord de mon nid, comme l'oiseau.»
Extrait de la Préface de 1849 aux Méditations.

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